En cette fraîche matinée de mai, rendez-vous était donné aux braves au mythique stade Aztec de Puteaux, un écrin en comparaison duquel le « Monumental » de Buenos Aires fait figure de baraque à frites. Avec la ponctualité qui sied à un tel événement, les protagonistes se retrouvaient dans leur lieu de villégiature préféré : le vestiaire N°3. Afin de renouer avec l’ambiance de camaraderie pudique du samedi matin, les sacs de sport à peine ouverts donnaient libre court à leurs senteurs exaltantes, à tel point qu’il devint vite urgent d’ouvrir les fenêtres pour s’oxygéner.
Inutile de préciser que l’entrée sur le terrain fut un soulagement bienvenu au niveau olfactif. Après deux déplacements malheureux, le SCA retrouvait son antre familière et le confort incomparable de son terrain stabilisé, balayé par un vent soutenu, qui nous sera défavorable en première mi-temps. Ayant accusé de lourdes pertes avant la rencontre, le SCA n’avait pu réunir que onze poilus, dont un vétéran du Vietnam. Son organisation en était donc affectée : François « Platoon » se voyait repositionné en défense centrale, aux côtés de l’indispensable Steph, pour encadrer les fidèles latéraux Lucio et Jakko. Un milieu def inédit était testé, composé du président Raphi et de l’auguste Paulo, appuyé sur les côtés par Julien « le dandy » Schwartz et l’insaisissable Bakka. Les lignes offensives, délibérément réduites, se limitaient au revenant Paulinho ainsi qu’à Ali « Venegoor ».
La rencontre était arbitrée par l’inénarrable Passe-Partout, sous le regard avisé d’un recruteur du Milan AC, particulièrement attentif aux exploits des frères Marik. La première mi-temps, avouons-le tout net, fut loin d’être une ode au football-champagne. Notre solide arrière garde contenait les timides assauts adverses, soutenue par un milieu de terrain besogneux. Ali, impérial sur les balles aériennes, se créait même deux ou trois opportunités face au but. Bagatelle était venu pour jouer : la preuve ? Sur un ballon renvoyé en touche, leur vedette (N°15) demandait à l’arbitre de décompter les arrêts de jeu, alors qu’on jouait depuis…3 minutes !!
Par des ruses de grand stratège, le numéro 4 du SCA parvenait à semer la zizanie dans les rangs adverses, sans toutefois se départir de sa classe habituelle.
Le SCA se montrait donc intraitable dans le jeu défensif et un peu brouillon en possession du ballon. Ses qualités premières durant la première mi-temps furent la détermination et l’abnégation. La pause était atteinte sur le score de 0-0. Et comme cela s’est souvent vérifié cette saison, le SCA passe la vitesse supérieure en 2nde mi-temps, sans toutefois modifier son organisation.
Grâce à un meilleur placement, Paulinho combinait de mieux en mieux avec Ali, ce qui permettait au SCA d’évoluer plus haut dans le camp adverse. Au niveau défensif, nos latéraux contenaient bien les velléités adverses, avec l’apport de nos milieux excentrés, ce qui montre que la leçon de samedi dernier avait été assimilée. Dans l’axe, le numéro 10 et leader technique de Bagatelle avait du mal à approcher de notre surface.
Sur un contre parfaitement exploité, Paulinho se trouvait alors en position idéale, légèrement sur la droite du but. Le gardien s’attendait sans doute à un centre vers Ali, laissé libre par la défense, mais Paulinho trouvait directement la faille, d’un magistral extérieur du pointu, peu académique mais tellement efficace, qui trompait le gardien à ras de terre sur sa gauche. Ainsi récompensé de ses efforts pour faire déjouer l’adversaire, le SCA se regroupait et adoptait la redoutable tactique du hérisson-farceur. Chacun se sacrifie pour l’équipe, ce qui n’arrange pas la conservation de balle, mais déstabilise considérablement l’adversaire. On atteint alors, aux dires de l’arbitre « la mi-temps de la mi-temps », et certains Scaïens, dont je suis, commencent à trouver le temps long.
Bagatelle jette ses forces dans la bataille et se crée 3 grosses occasions : la première sous la forme d’une frappe lointaine mais puissante qui échoue de peu à côté. La seconde sur un déboulé de leur avant-centre, qui parvient à dribbler Constance, et pense avoir trouvé la faille dans notre cuirasse en croisant sa frappe. Mais c’était sans compter sur François « Apocalypse Now » qui se jetait héroïquement et sauvait le but au péril de sa vie (ou en tous cas de son maillot). La dernière, enfin, voyait un tir détourné prendre complètement à contre-pied un Constance des grands jours, qui, tel un lion indomptable transcendé par l’évocation patriotique de Paul Biya, trouvait un appui impossible pour bondir sur sa ronde proie. Impressionnant, non ? Personnellement je n’avais plus vu ça depuis Olive et Tom.
Le SCA aurait sans doute continué à souffrir sans l’événement qui va suivre. Sur une attaque éclair, l’arbitre siffle bizarrement un entre-deux à l’entrée de la surface adverse (joueur blessé ?). Bagatelle le négocie très mal puisque leur joueur dégage le ballon avant qu’il ne touche le sol. Coup franc indirect, donc, aux 22 mètres. C’est là qu’un autre lion, de l’Atlas celui-là, se prépare à mettre à mort sa proie. D’un rugissement, il intime l’ordre à Paulinho de toucher à peine le ballon pour lui permettre de placer son tir. Sans doute impressionné (qui ne le serais pas ?) par la férocité bestiale qui transparaît dans le regard de son coéquipier, c’est à peine si Paulinho ose effleurer le ballon. C’est le signal qu’attendait le fauve pour enrouler une terrible frappe du droit, que le gardien ne peut qu’accompagner du mouvement sous la barre, sans pouvoir la toucher. Superbe. Mais j’entends déjà les protestations mesquines : « oui mais sur coup franc indirect, la balle doit au moins faire un tour complet égal à sa circonférence avant d’être frappée ». Ceux-là, je les renvoie vers la magnanimité de Passe-Partout, qui dégagea pour l’occasion un Principe Général du Football, sans doute inventé par ses soins, et qui daterait selon lui de 2 ans, en vertu duquel cette règle serait caduque…
En tout état de cause, ce but nous fait un bien énorme : le SCA peut souffler un peu et appréhender la fin de match (5 minutes d’arrêts de jeu, dédicacés au N°15) de façon nettement plus sereine.
Le principal enseignement de cette partie est à mon sens le suivant : le SCA n’est jamais meilleur que lorsqu’il cherche à faire déjouer son adversaire. Notre fonds de jeu, après une seule saison ensemble, n’est pas encore au point et c’est normal. Néanmoins, ce handicap est largement compensé par notre propension à emmerder l’adversaire, et l’empêcher de développer ses attaques. Samedi, chacun s’est défoncé (heu, sur le terrain…) pour suppléer ses coéquipiers, dans un esprit d’équipe irréprochable : nous n’avons pas une somme de grandes individualités, nous avons une équipe compacte et solidaire. C’est sur cette base solide qu’il va falloir construire en vue de la saison prochaine. Bravo à tous les joueurs présents samedi et à bientôt pour de nouvelles aventures…
Commentaires :
Re: Paulo la plume
Re: Re: Paulo la plume
Je ne sais pas d'où sort la tactique du "hérisson farceur, mais je vais m'en souvenir longtemps" lol
Paulo, tu viens de gagner la place de titulaire pour le résumé des matchs jusqu'à la fin de saison !
Re: Re: Paulo la plume
Goncourt minimum
Seb, tu peux être fier de ton successeur, un vrai mélange de Decaux, Roucas et Proust !
Bravo les gars, ça fait plaisir de voir que malgré les absences il y a toujours 11 battants sur le terrains... Les 2 matchs précédents nous ont bien fait redescendre sur terre pour finir en beauté j'espère.
Fiat Lux !
Quand soudain la Félicité me vint sous la forme d'un article signé Paulo. Et la lumière fût. Tu m'as fait rire mon gars! De Passe-Partout à Paul Biya en passant par le Principe Général du Football. Tu m'as redonné l'inspiration et fait rigoler comme un gosse...
Du coup j'ai pris conscience du dur métier qu'on fait; il est donc juste de doubler le prix de mes honoraires de ce jour :-))
Paulooooo Akbar !
Mwana "lol" Sao
Re: Fiat Lux !
quelle verve!
Merci de pas m'avoir allumé pour mes chaussettes...
A+
sebastien
Paulo la plume
Merci pour ce grand moment de littérature.
Et encore un Grand Bravo à la Team qui a une nouvelle fois fait preuve d' abnégation.
Viva El Sca !! Le chaudron de Puteaux devient une Forteresse !!