Pour ne rien arranger, une fois sur place les vaillants guerriers du froid trouvaient les vestiaires clos, pour une sombre histoire de coupure d’électricité. C’est donc qui dans les tribunes, qui dans le hall glacial que les Scaiens endossaient leurs habits de lumière, gants et autres bonnets. Touche finale : le chasuble jaune étincelant de propreté, destiné tout autant à rehausser leur élégance brésilienne qu’à se distinguer de leurs hôtes du jour, qui évoluent en rouge et noir.
Devant le terrain immaculé de poudreuse bien fraîche, les plus chevronnés hésitaient quant à l’équipement adéquat : stab, moulés, vissés ou Moon Boots ?? Après avoir foulé le terrain, recouvert d’une couche de 5 bons cm de neige, M. Best décrétait sa praticabilité, en dépit du bonhomme de neige érigé par de facétieux bambins. Les lignes de touche devaient donc être dégagées, sous l’autorité d’un géomètre expert nommé Lad, qui a vraiment le compas dans l’œil L.
Le coup d’envoi est salvateur pour les organismes, promis à un réchauffement rapide. Dans les buts, Curkovic a équipé ses lunettes d’essuie-glaces, pour ne pas perdre une miette du spectacle. Les premières minutes sont difficiles, le ballon ayant tendance à outrepasser sa circonférence réglementaire sous l’effet de la neige, et à prendre la forme d’une boule de neige géante. Faisant fi de ces difficultés, le SCA démontrait son application stakhanoviste à respecter scrupuleusement la charte organisationnelle octroyée par le Politburo. Le travail du milieu de terrain est impressionnant, et nous permet d’évoluer assez haut. Malgré les appuis difficiles, le ballon circule bien et les premières frappes non cadrées sont déclenchées par Sonny, Yoshi et Ali sur coup franc. En défense, nos lignes arrières contiennent parfaitement les rares incursions adverses.
Grâce au bon travail de Yoshi et des milieux latéraux, le SCA remonte bien le ballon et paradoxalement combine mieux que sur son billard de Puteaux. Sur une nouvelle faute à 25 mètres, ce travail va être récompensé. Notre Juninho national place son ballon, avec son sérieux habituel. Sa frappe travaillée fuse juste au-dessus du mur, et redescend aussitôt pour rebondir pile dans le soupirail gauche du gardien, qui ne peut que constater la casse (1-0). Un nouvel exploit sur coup de pied arrêté pour Ali, qui a un sacré mérite d’avoir pu lever le ballon (ce ne sont pas les tireurs de corner et de 6 mètres qui me contrediront).
L’avantage est mérité pour le SCA, qui va pourtant en perdre le bénéfice peu de temps après. Leur N°10 (notre bête noire, coupable de 6 buts en 2 matches la saison passée) déboule sur le flanc droit de notre défense. Luccio, par ailleurs auteur d’un sans-faute samedi, est pris par la vivacité technique du lascar, qui lui administre un splendide petit-pont à l’entrée de la surface. Alors que je me précipite pour le gêner, il transmet la balle au centre, où 2 attaquants ont infiltré nos lignes dégarnies. Le premier arrivé reçoit l’offrande, et totalement seul face à Curko, il marque en force (1-1).
Dur pour le SCA qui se voit rejoint sur la première occasion adverse. L’égalisation altère la belle mécanique scaienne, qui se grippe un peu (normal par 2°C). Juste avant la pause, le N°10 adverse, encore lui, s’offre un nouveau déboulé côté gauche et parvient à frapper à ras de terre, malgré mon tacle désespéré, qui m’a permis de m’initier aux joies de la glisse sur au moins 2 mètres. Par chance, la balle frôle le montant de Curko, et laisse une empreinte dans la neige, témoin de notre réussite. Apparemment, le chrono de l’arbitre est lui aussi grippé, et ce n’est qu’après une bonne dizaine de minutes d’arrêts de jeu que la pause est atteinte, sur une grosse occasion pour Stef suite à un corner.
Les scaiens sont gratifiés de leur prestation par la réouverture du vestiaire, rendue possible par la patiente diplomatie d’Ali et moi J. Arek, qui a officié une demi-heure sur la touche, est en état d’hypothermie avancé, malgré sa qualité de Polack. Autre bonne nouvelle, 3 joueurs adverses, dont le buteur et le fameux 10 se retirent des débats, suite à une prise de tête collective chez GSF.
A la reprise, le match s’envenime un peu, suite à des tacles et des paroles un peu trop appuyés. Mais M. Best veille à la sérénité du match, qui se poursuit sur une nette domination scaienne. Sonny affole ses défenseurs, Yoshi est impérial, Paulinho survolté, et le travail de la paire Raph-Ali est remarquable. Soulignons également l’apport déterminant de Mikaël, notre nouvelle et infatigable recrue, qui a joué très juste aussi bien défensivement qu’offensivement, où ses chevauchées ont fait mal. Le SCA obtient de nombreux corners, et c’est sur l’un d’eux que sa domination va payer. Frappé par Sonny, le ballon s’élève (même remarque que pour Ali tout à l’heure) et retombe au cœur de la surface. D’un geste parfait, emprunté à Ginola, Yoshi le contrôle de la poitrine et le reprend d’une terrible demi-volée, laquelle va se ficher au ras du montant (2-1). Un but magnifique qui parachève l’œuvre de son auteur dans ce match.
Ainsi récompensé, le SCA fait bien tourner le ballon et s’en assure la conservation, notamment en défense grâce à l’apport d’un Arek décongelé. Sonny a l’opportunité de tuer le match mais bute sur le gardien adverse. La fin de match est plus difficile, et GSF entreprend un siège un peu brouillon de notre surface, dont le point d’orgue est la période de 5 minutes durant laquelle le ballon ne sort pas d’un périmètre très étroit sur notre flanc droit. Mais à part quelques interventions sereines de Curko, le SCA n’a pas trop souffert et cette domination s’est avérée stérile en terme d’occasions de but.
Le coup de sifflet final ponctuait donc cette rencontre épique, disputée dans des conditions dantesques. Je crois qu’on peut tirer un grand coup de chapeau à l’équipe, qui a montré une grande solidarité et, fait nouveau, a montré des dispositions intéressantes dans la construction du jeu et la conservation de balle. Espérons que ces dispositions ne fondront pas comme neige au soleil !!
Appollinaire-glaciaire
Commentaires :
Re: auto-flagellation du meteorologue
Chapeau l'artiste
Re: Re: auto-flagellation du meteorologue
Un prix littéraire pour Paulo !
Avec ta gouaille humoristique, ton phrasé structuré, la poésie et la politesse virile que tu distilles sur le terrain tu mérites au moins le Prix Fémina, enculé !!
Mwana "fan de..." Sao
Les grognards du SCA
A quand le best of des résumés de Paulo? (Le "hérisson farceur" étant toujours le must de mon point de vue)
Chapeau à toute l'équipe pour avoir osé jouer dans des conditions digne du championnat de l'Allemagne de l'Est.
Super résumé Paulo, comme d'habittude...
Je propose au Politburo d'investir dans un canon à neige.En effet, malgré la neige, nous avons développé un jeu posé et fluide. Chose que nous avons du mal à faire même sur notre billard de Puteaux.
Je tiens à signaler le grand match de Raph, qui a couru et taclé tout au long du match.
Bonne semaine à tous.
Rasta Rocket
Bravo à l'équipe pour ce nouveau succès, dans des conditions de jeux dantesques.
Et que dire du verbe de paulo. Comme tout le monde je suis fan !
Re: Rasta Rocket
Mes excuses réitérées à Ali pour avoir omis sa superbe reprise de la tête sur la barre, ainsi que son plongeon grotesque dans la neige, la tête la première, sans doute pour essuyer les marques laissées par le ballon sur ladite tête...
J'espère que le prochain match nous réservera autant de surprises!!
Jon-SCA
auto-flagellation du meteorologue
Amis Scaiens,
je vous supplie de me pardonner pour cette meteo pourrie, on vous a menti (en fait, le bureau m'a soudoyé pour que je vous cache la triste vérité sur l'état du terrain) ! je promets de courir nu dans la neige samedi matin !
Jon, rogue meteorologist